N.B. : Présente tout au long de l'exposé, cette page a pour vocation de répondre aux interrogations que pourraient se poser les élèves au sujet de certaines notions liées au nucléaire.
III Notions fondamentales
Avant de s'intéresser aux différents risques liés au nucléaire, il faut préalablement comprendre quelques notions fondamentales liées aux atomes et à toutes les réactions/transformations auxquelles ils participent.
1°. Rappels sur les atomes
Nous mêmes
et tout ce qui nous entoure sommes constitués d'atomes liés entre-eux
pour
former des molécules comme l'eau constituée
de 2 atomes d'Hydrogène et d'1 atome d'Oxygène
(H2O) ou le diazote, principal constituant de l'air,
constitué de 2 atomes d'Azote (N2).
Tous ces atomes
sont eux-mêmes constitués d'un noyau
autour duquel gravitent des
électrons, particules chargées négativement. A l'intérieur
du noyau, on trouve d'aures
particules : les neutrons (ayant une charge neutre) et les protons (particules
chargées
positivement).
Pour faire
figurer toutes ces informations, on note un atome de la façon suivante
:
A
représente le nombre de nucléons (neutrons + protons)
Z correspond au numéro atomique de
l'atome ; c'est à dire à son nombre de
protons
X est le symbole de l'atome
Un atome est électriquement
neutre ; son nombre d'électrons e- est donc
donné par son nombre
de protons Z (autant de + que de - ). De plus, le nombre
de neutrons est obtenu en soustrayant le nombre de protons Z au nombre
de nucléons A ( nb de neutrons = Z-A).
Représentation d'un atome
Source
: images google
2°. Notion de Radioactivité
La plupart des noyaux de tous les atomes
sont stables ; c'est à dire qu'ils ne
subissent jamais de changement / de transformation et restent donc en tout point
identiques au fil du temps.
A l'inverse, d'autres noyaux appartenant à
des atomes précis sont instables :
ils sont dits radioactifs. Ces atomes vont ainsi, à un moment donné
de leur "vie",
expulser spontanément des particules émettant alors des rayonnements
et de
l'énergie : on dit que les atomes se désintègrent.
Du coup, chaque atome (dans la
mesure où il a expulsé des particules), va se transformer en un
atome différent qui
peut être stable ou non.
S'il ne l'est pas, il se désintègrera
lui-aussi et ainsi de suite jusqu'à l'obtention d'un atome stable. L'ensemble
des descendants de l'atome initial forme alors une famille radioactive ; c'est
par exemple le cas de l'Uranium 238 qui est la tête de
l'une de ces familles : il se désintègre pour former le Radium
226 qui lui même se
désintègre pour former le Radon 222... et ce juqu'au Plomb 206
stable. Représentation
de la désintégration d'un noyau
lourd radioactif
Source
: "La Radioactivité" des éditions PEMF
C'est justement la capacité de certains noyaux d'atomes instables à se désintégrer pour se transformer spontanément en d'autres noyaux plus stables qui est appelée radioactivité. Cette radioactivité s'accompagne obligatoirement de l'émission de rayonnements et d'énergie. C'est un phénomène tout à fait naturel qui ne peut être stoppé.
3°. Les différents rayonnements émis et leurs caractéristiques
Les principaux rayonnements émis par les radionucléides (= noyaux d'atomes radioactifs) lors de leur désintégration sont les rayonnements alpha, bêta (bêta + et bêta -) et gamma dont les principales caractéristiques figurent dans le tableau qui suit.
Caractéristiques
Type de rayonnement |
Particules expulsées
|
Vitesse d'expulsion des particules
|
Conséquences sur le noyau de
l'atome
|
Alpha
|
Noyaux
d'Hélium "rapides" 4 2 He |
15 000 km./s
|
L'atome se transforme car son noyau a perdu 2 protons
et 2 neutrons (donc 4 nucléons). |
Bêta +
|
Positons (e+)
|
270 000 km/s
|
Il y a une perte de positons (électrons positifs) qui se produit. De plus, on assiste à la transformation d'un proton en neutron (= 1 neutrino). La masse de l'atome reste donc là encore la même, mais le numéro atomique Z de l'atome a diminué d'1 unité. |
Bêta
-
|
Electrons (e-)
|
270 000 km/s
|
Il y a une perte d'électrons qui se produit. De plus, on assiste à la transformation d'un neutron en proton (= 1 antineutrino).La masse de l'atome reste donc la même mais le numéro atomique Z de l'atome a augmenté d'1 unité. |
Gamma
|
Aucune particule expulsée
|
Rayonnement électromagnétique
expulsé à la vitesse de la lumière
(300 000 km/s) |
Ce rayonnement est différent des 3 autres : il s'agit d'un rayonnement électromagnétique (mêmes caractéristiques que la lumière visible. Ce rayonnement accompagne les émission Alpha et Bêta : il se caractérise par un flux de photons pendant la durée mise par le noyau pour redevenir stable. |
Tous
ces rayonnements sont qualifiés de rayonnements ionisants ; c'est à
dire que ce sont des rayonnements capables de faire perdre ou
gagner un ou plusieurs électrons à des atomes. Ils ont des conséquences
sur l'environnement et en particulier sur notre organisme comme nous
le verrons par la suite.
Le pouvoir pénétrant des rayonnements
Source : "La Radioactivité"
(éditions PEMF)
4°. Période radioactive ou demie-vie radioactive
Comme nous l'avons dit précédemment, le noyau d'un atome instable appelé radionucléide va avoir tendance à se désintégrer pour former un autre atome ; et ce jusqu'à que l'atome formé soit stable. La radioactivité développée par l'atome va donc diminuer de plus en plus jusqu'à devenir nulle. Cette décroissance est déterminée ar une période T, dite radioactive, au bout de laquelle la moitié des noyaux de la substance radioactive se sont désintégrés comme en témoigne le graphique ci-dessous :
Au bout d'une période
T, la radioactivité a donc diminué de moitié
" 2T, " "
par 4
" 3T,
"
" par
8
" 4T,
" " par
16
et ainsi de suite ...
Courbe de décroissance radioactive
Source
: images google
Cette
période T est caractéristique de chaque isotope radioactif et
peut aller de quelques fractions de secondes (ex : 6 heures pour le Lechnétium
99) à plusieurs milliards d'années (ex : 13,9 milliards d'années
pout le Thorium 232). La demie-vie radioactive d'un élément indique
donc bien la rapidité avec laquelle les radionucléides se désintègrent.
Cette période radioactive ne peut en aucun cas être modifiée
: elle obéira
donc toujours à la loi énoncée précédemment.
5°. Isotopes stables et isotopes radioactifs
Comme nous l'avons
vu en chimie, des isotopes sont des atomes dont les noyaux diffèrent
uniquement par leur nombre de neutrons. On distingue, de même que pour
les atomes "classiques", des isotopes stables et des isotopes radioactifs.
Chacun de ces isotopes est identifié par le nom de l'atome et par le
nombre de nucléons qui varie selon les isotopes. Certains isotopes se
trouvent dans la nature, ils sont dits isotopes naturels et d'autres ne se font
qu'en laboratoire : ce sont des isotopes artificiels.
Exemples
isotopes naturels : on peut citer l'Hydrogène (1 proton) et le Deutérium
(1 proton/1neutron ; atome présent dans l'eau lourde) ou encore le Tritium
(1 proton/2 neutrons ; atome qui est aujourd'hui très
rare à trouver dans la nature). Le deutérium et le Tritium ont
des propriétés spécifiques qui les rendent très
intéressants dans des réactions de fusion nucléaire ; réactions
que nous verrons en détail par la suite.
Exemples isotopes artificiels : ces
isotopes sont obtenus en bombardant des noyaux d'atomes stables avec des particules
appropriées.
Cest par exemple le cas de l'Iode 123 (radioactif) obtenu à partir de
l'Iode 127 (stable). En général, la plupart des isotopes artificiels
sont radioactifs.
6°. Réactions de fission nucléaire et de fusion nucléaire
a)
La fission nucléaire
La fission nucléaire
est une réaction au cours de laquelle un noyau lourd radioactif(dit fissile)
est cassé en 2 noyaux plus légers de masses voisines : les produits
de fission qui sont souvent, eux-aussi, radioactifs. Cette réaction est
obtenue en bombardant le noyau lourd fissile avec des neutrons. Les principaux
noyaux lourds utilisés dans cette réaction sont l'Uranium 235
(isotope naturel), l'Uranium 233, le Plutonium 239 et 241 (isotopes artificiels).
L'intérêt
d'une réaction réside dans le dégagement d'énergie
sous forme de chaleur. De plus, cette réaction est une réaction
en chaîne : c'est à dire que la fission d'un noyau est toujours
accompagnée de la libération de 2 ou 3 neutrons qui, à
leur tour, vont provoquer la fission d'autres noyaux.
Cette réaction
est utilisée dans les centrales nucléaires pour produitre de l'énergie
(elle est alors contrôlée de façon à être stoppée
à tout moment) ; mais elle est également utilisées dans
les bombes nucléaires de type A (la réaction n'est alors absolument
pas contrôlée : elle s'emballe
et est à l'origine d'une véritable explosion).
Une réaction de fission nucléaire
(à gauche ; source : CD rom AREVA)
Une explication de l'intérêt
d'une telle réaction (à droite ; source :
"La Radioactivité" paru aux éditions PEMF)
b)
La fusion nucléaire
La fusion nucléaire
est une réaction au cours de laquelle 2 noyaux légers (en général
1 de deutérium et 1 de tritium) vont s'agglomérer pour n'en former
plus qu'un seul lourd (noyau d'Hélium dans le cas énoncé)
; et ce en libérant d'importantes quantités d'énergie sous
forme de chaleur
Cette réaction
se produit en permanence dans le coeur du soleil où la température
est de plusieurs millions de degrés. Ce sont ces réactions qui
lui permettent de briller et donc, ce sont par conséquent ces mêmes
réactions qui nous donnent de la lumière et de la chaleur sous
forme de rayonnements.
L'intérêt
de la réaction de fusion réside dans la quantité énormed'énergie
libérée et dans le peu de déchets radioactifs qu'elle produit.
Mais pour la mettre en place, il faut atteindre des températures de plusieurs
millions de degrés. Actuellement, cette réaction n'est possible
qu'en laboratoire et ne peut être maintenue que 4 minutes au maximum.
Le projet Iter, qui sera très certainement basé à Cadarach,
aura pour mission deproduire des réactions de fusion pendant une durée
bien plus importante, voir de manière permanente. Une autre source d'utilisation
de ce type de réaction est la bombe nucléaire H.
Une réaction de fusion nucléaire
(à gauche ; source : La Radioactivité" paru
aux éditions PEMF)
Le réacteur nucléaire
du projet ITER (à droite; source : images google)
7°. Unités
de mesure
Pour mesurer la radioactivité, 3 grandeurs différentes sont à prendre en compte : l'activité de l'échantillon radioactif, la dose absorbée et le débit de dose. On peut également utiliser l'équivalent de dose absorbée.
Unités de mesure
|
Caractéristiques
|
Activité de l'échantillon
:
Le Becquerel (Bq) 1Bq = 1 désintégration/s |
C'est l'unité légale d'activité ; activité qui correspond au nombre de noyaux radioactifs qui se désintègrent par seconde. Cette activité dépend de la masse et de la nature de l'échantillon radioactif. |
Dose Absorbée : le Gray (Gy) |
Cette unité de mesure représente lénergie du rayonnement ionisant absorbé par unité de masse de la matière irradiée. |
Equivalent de Dose Absorbée :
le Sievert (Sv)
1Sv = 1Gy * Facteur |
C'est le produit de la dose absorbée par un facteur qui dépend de la nocivité du rayonnement (Alpha = 20 et Bêta/Gamma = 1). Ainsi, 1 dose Alpha est 20 fois plus nocive qu'une dose Bêta ou Gamma |
Débit de Dose (Gy/s ou Sv/s)
|
Le débit de dose ou dose absorbée
par seconde représente l'intensité du rayonnement absorbé.
Il permet ainsi d'évaluer le degré d'atteinte des habitants
et de l'environnement en cas d'accident. Le Sv/s ne s'utilise que lorsque l'on tient compte de la nature du rayonnement (Alpha, Bêta ou Gamma) |
Pour donner un exemple concret, on peut prendre le cas de personnes subissant des jets de pierres. Le nombre de pierre jetées est alors donné en Becquerel, le nombre de pierres reçues par les personnes est donné en Gray, et les blessures physiques qu'ont subies ces-mêmes personnes sont évaluées en Sievert.