III Les risques liés à l'utilisation du nucléaire à des fins militaires
En Septembre 1939,
la seconde Guerre Mondiale éclate en Europe. Les Etats-Unis savent alors qu’ils
ne pourront pas se tenir indéfiniment hors du conflit ; ils savent également
que la guerre qui vient d’éclater promet d’être longue, dure et coûteuse en
vies humaines. C’est dans ce contexte que voit le jour le "Projet Manhattan
"aux Etats-Unis à la fin de l’année 1941; juste après l’entrée en guerre
du pays suite à l’attaque surprise de "PearlHarbor "par les Japonais
le 7 Décembre 1941. Tous les hommes de talents sont alors mobilisés sous les
ordres du Général Graves et du physicien Julius Robert Oppenheimer et d’énormes
moyens sont mis en œuvre dans le but de l’obtention de plusieurs bombes nucléaires
qui pourraient mettre un terme à ce conflit qui sévit déjà depuis deux longues
années. Un premier réacteur construit par Enrico Fermi entre en fonctionnement
le 2 Décembre 1942 à Chicago ; c’est le début de l’ère nucléaire. De nombreux
procédés d'extraction de l'Uranium sont testés et d'autres
réacteurs visant à produire du Plutonium sont construits.
En Juillet 1944, 3 bombes
atomiques sont opérationnelles : l'une à l'Uranium et les 2 autres
au Plutonium. 2 de ces bombes seront finalement lâchées : la première
sur Hiroshima le 6 Août 1945 et la seconde sur
Nagasaki, 3 jours plus tard, le 9 Août 1945. Le Japon, ayant constaté
l'ampleur du désastre (établi en pertes matérielles et
humaines), demande l'Armistice sans condition : la seconde guerre mondiale se
termine
enfin.
Pour tous les Etats-majors,
la force de frappe nucléaire vient de faire ses preuves et va être
à l'origine d'un véritable essor dans le domaine du nucléaire
militaire. Mais cet essor du nucléaire militaire ne comporte-t-il pas
d'énormes risques?
1°. Les différentes utilisations de l'énergie nucléaire à des fins militaires et explications concernant l'origine des différentes risques pouvant survenir
a) Les réacteurs
nucléaires embarqués
Ces réacteurs
nucléaires fonctionnent exactement de la même façon que
ceux se trouvant dans les centrales nucléaires civiles. Leur nom vient
du fait qu'ils sont embarqués à bord de navires (sous-marins,
vedettes, croiseurs, portes-avions, ...) dits "nucléaires"
; et ce quelque soit
la nature de leur armement (contrairement aux idées reçues). Les
réacteurs nucléaires embarqués ont pour rôle de produire
de la vapeur qui
actionne d'une part les turbines de propulsion du navire et d'autre part les
alternateurs fournissant l'électricité nécessaire au bon
fonctionnement du navire.
L'utilité principale
de ces réacteurs est de conférer au navire une autonomie quasi-illimitée
: il n'a plus besoin de se ravitailler en carburant,
il n'expulse plus de gaz d'échappement (d'où une discrétion
remarquable), il possède une puissance bien supérieure à
celle d'un moteur Diesel et possède également une plus grande
souplesse de conduite.
Ainsi, toutes ces caractéristiques
confèrent aux réacteurs nucléaires embarqués un
atout inestimable. Hélas, les risques d'accidents
existent : ils sont exactement les mêmes que ceux pouvant se produire
dans les centrales nucléaires civiles ; à savoir un incident dans
le coeur du réacteur ou une fuite radioactive. Les conséquences
de ces risques figurent dans la partie "risques liés au nucléaire
civil" (sous partie sur les effets de la radioactivité sur l'homme).
Avec 1 porte-avions nucléaire, le Charles de Gaulle, (à
gauche ; source : images google) basé à Toulon et
10 sous-marins nucléaires (à droite ; source
: images google) basés sur la côte Atlantique, la France est le
5ème pays le mieux doté au monde en matière de navires
nucléaires après les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la Grande-Bretagne.
b) Les armes
nucléaires
Actuellement, on distingue 2 catégories
d'armes nucléaires : les bombes A et les bombes H dont les principales
caractéristiques figurent dans le tableau ci-dessous :
Critère
Considéré |
Type de Réaction
|
Concentration de Matière Fissile
Nécessaire à la Bombe |
Puissance Maximale Développée
par la Bombe
|
Fonctionnment Réel de l'Arme
|
Bombe A
1944 : Obtention 1ère bombe A 1945 : Explosion 1ère bombe A |
Réaction de fission nucléaire non contrôlée | Impérativement de l'Uranium 235 ou du Polonium 239 enrichis à plus de 80% | ~ 10 Kilotonnes ; soit 10 000 tonnes de TNT. Au delà, les armes deviennent trop complexes et donc difficilement utilisables |
Explosion explosif classique --> Amorçage fission --> Gigantesque explosion |
Bombe H
1952 : Obtention et Explosion 1ère bombe H |
Réaction de fusion nucléaire à très grande échelle | Pas de matière fissile : uniquement une grande quantitéde Deutérium et de Tritium, 2 gaz nécessaires à la fusion | Virtuellement illimitée mais tout de même comprise entre 20 et 60 Mégatonnes (*10^6 tonnes de TNT) pour des raisons techniques ; à savoir la charge maximale portée par un missile balistique moderne. | Explosion explosif classique
--> Amorçage fission --> Gigantesque explosion --> Amorçage
fusion --> Gigantesque explosion (bien plus grande que la précédente) |
Une explosion nucléaire dûe à une bombe A (à
gauche ; source : images google)
Une explosion nucléaire dûe à une bombe H (à droite ; source : images google)
Une réaction
de fission en chaîne non-contrôlée
(ci-dessus
; source : CD rom AREVA)
Ainsi, l'utilité
première des armes nucléaires, comme nous avons pu le constater,
réside donc dans leur capacité destructrice à même
de faire plier n'importe quel état à la volonté d'un autre.
Or, à la fin de
la seconde guerre mondiale, seuls les Etats-Unis possèdent la bombe.
Ils deviennent donc les"maîtres du monde" ; ce que refusent
les soviétiques. Suite au commencement de la guerre froide en 1947 (le
détonateur fut le plan Marshall), l'URSS fait exploser sa première
bombe A en 1949 mettant ainsi un terme au monopole américain.
Dés lors commence
une véritable course aux armements entre les Etats : c'est la prolifération
nucléaire. Chaque Etat tente d'obtenir la bombe afin de ne pas être
à la merci d'un autre : c'est une politique de dissuasion nucléaire
qui voit le jour.
Dans le tableau suivant
figurent "les 5 grandes puissances" avec leur date respective d'acquisition
dela bombe A et H durant la guerre froide.
Année
|
Pays
|
Prolifération
|
1944
|
Etats-Unis
|
Obtention de la 1ère bombe A
|
1945
|
Etats-Unis
|
Explosion de la 1ère bombe A
|
1949
|
URSS
|
Acquisition de la bombe A
|
1952
|
Royaume-Uni
Etats-Unis |
Acquisition de la bombe A
Obtention de la 1ère bombe H (et explosion) |
1953
|
URSS
|
Acquisition de la bombe H
|
1957
|
Royaume-Uni
|
Acquisition de la bombe H
|
1960
|
France
|
Acquisition de la bombe A
|
1964
|
Chine
|
Acquisition de la bombe A
|
1967
|
Chine
|
Acquisition de la bombe H
|
1968
|
France
|
Acquisition de la bombe H
|
Durant plus de 40
ans, la menace d'une guerre nucléaire de grande ampleur était
constemment présente et a bien failli avoir lieu en 1962 suite à
"la Crise des missiles de Cuba" (rampes de lancements nucléaires
soviétiques installées à Cuba et dirigées vers les
Etats-Unis).
Cette guerre, si elle
avait éclaté, aurait opposé les Etats-Unis, le Royaume-Uni
et la France (blocs capitalistes) à l'URSS et la Chine (blocs communistes).
Des milliers de têtes nulcéaires se seraient alors abattues en
divers points du globe entrainant des conséquences désastreuses
sur l'homme et l'environnement ; conséquences que nous verrons en détail
dans la partie suivante.
Une
carte de Cuba, île stratégique pour les soviétiques
pendant la guerre froide (à gauche ; source : images google)
Des missiles balistiques capables de porter des charges nucléaires
(à droite ; source : images google)
Aujourd'hui, le risque d'explosion
d'une tête nucléaire réside principalement en un accident
(explosion accidentelle de l'une d'entre-elles), en une explosion volontaire
commanditée par un organisme terroriste ou en une guerre à "petite
échelle" déclarée entre des nations "peu sûres"
(en opposition aux "5 grandes puissances") possédant la bombe.
En effet, une explosion accidentelle
de têtes nucléaires s'est déjà produite au Groenland
en 1968 suite au crash d'un B52 américain ; un tel accident pourrait
donc bien se reproduire, et cette fois ci, dans une région habitée
entrainant ainsi de très nombreuses pertes matérielles et humaines.
De même, les organisations
terroristes comme Al Quaeda deviennent de plus en plus riches, de plus en plus
puissantes et commettent des attentats de plus en plus spectaculaires : on se
souvient bien des attentats contre le World Trade Center en Septembre 2001 ou
ceux de Madrid en Mars 2004.
Or, de nombreuses investigations
et saisies ont été réalisées par l'AIEA (Agence
Internationale de l'Energie Atomique) et le bilan s'avère être
particulièrement alarmant : plus de 247 kg d'Uranium (dont 2,7 kg de
qualité militaire), plus de 20 kg de Plutonium (dont 12,5 kg de qualité
militaire ; soit l'équivalent de 2 à 3 bombes A), 160 kg d'Osmium,
124 kg de Césium, 2 kg d'Américium et 18,5 kg d'autres matières
radioactives ont été interceptées en divers points du globe
(majoritairement en Turquie) entre 1994 et 2001. Toutes ces quantités
étaient destinées à des réseaux terroristes.
Ainsi, il se pourrait donc
bien, et la plupart des experts le confirment, que des organismes terroristes
proches d'Al Quaeda possèdent actuellement la bombe ou soient en phase
d'en obtenir une : plusieurs avoeux de membres présumés de ce
réseau ont été faits à ce sujet là. Un attentat
nucléaire n'est donc absolument pas à exclure et ce dans la mesure
où la fabrication d'une bombe artisanale est, selon ces mêmes experts,
"à la portée de tous" : tous les éléments
entrant dans la composition d'une bombe A peuvent être obtenus facilement
pour des réseaux aussi développés : il faut de la matière
fissile (qui transite aujourd'hui illégalement partout dans le monde),
un initiateur qui permet une réaction en chaîne : le Béryllium
(en vente libre dans des commerces spécialisés), une "masse
critique" ; c'est à dire une charge explosive classique capable
d'amorcer la réaction de fission nucléaire (en vente au marché
noir) et un confinant pour maintenir la réaction en chaîne : l'Uranium
appauvri ou l'Osmium (en vente là aussi au marché noir).
Enfin, aujourd'hui, d'autres
pays considérés comme des "puissances moyennes' ont "rejoint
le club" des "5 grandes puissances" en ce qui concerne l'armement
nucléaire : c'est le cas de l'Inde en 1974, du Pakistan en 1999 et d'Israël,
bien que ce dernier n'ait toujours pas reconnu détenir d'armes nucléaires.
D'autres pays comme la Lybie
ou l'Iran étaient suspectés à ce jour, mais les experts
en visite sur les lieux ont reconnu qu'ils ne détenaient absolument aucun
armement nucléaire. L'Irak, quant à lui, a fait l'objet de 2 frappes
aéro-terrestre préventives : l'une en 1991 et l'autre en 2003
; mais les forces de la coalition ont été forcées de constater
que ce pays n'avait jamais développé la bombe A bien qu'il ait
tenté de le faire.
Actuellement, le doute
subsiste sur un seul pays : la Corée du nord qui, selon les services
secrets étrangers, possèderait quelques bombes nucléaires
(6 au maximum).
Toutes les puissances
nucléaires actuelles et tous les Etats ayant tentés d'en devenir
une figurent dans le tableau ci-dessous (avec les caractéristiques
de leur armement) :
Pays
|
Armes Nucléaires
|
Essais
|
Capacités Nucléaires
|
Force de Frappe
|
Etats-Unis
|
Oui : 10 400 têtes
|
Oui
|
104 réacteurs nucléaires, nombreux surgénérateurs, usines d'enrichissement de l'Uranium, usines de traitement et de retraitement du Plutonium | Très puissante et très variée : avions de chasse, bombardiers, portes-avions, croiseurs, sous-marins, missiles balistiques toutes portées |
Russie
|
Oui : 8240 têtes
|
Oui
|
29 réacteurs nucléaires, nombreux surgénérateurs, usines d'enrichissement de l'Uranium, usines de traitement et de retraitement du Plutonium | Très puissante et très variée : avions de chasse, bombardiers,croiseurs, sous-marins, missiles balistiques toutes portées |
Royaume-Uni
|
Oui : 200 têtes
|
Oui
|
35 réacteurs nucléaires, nombreux surgénérateurs, usines d'enrichissement de l'Uranium, usines de traitement et de retraitement du Plutonium | Très puissante et très variée : avions de chasse, bombardiers,croiseurs, sous-marins, missiles balistiques toutes portées |
France
|
Oui : 340 têtes
|
Oui
|
58 réacteurs nucléaires, 1 surgénérateur, usines d'enrichissement de l'Uranium, usines de traitement et de retraitement du Plutonium | Très puissante et très variée : avions de chasse, bombardiers, portes-avions, croiseurs, sous-marins, missiles balistiques toutes portées |
Chine
|
Oui : 410 têtes
|
Oui
|
3 réacteurs nucléaires, nombreux surgénérateurs, usines d'enrichissement de l'Uranium, usines de traitement et de retraitement du Plutonium | Très puissante et très variée : avions de chasse, bombardiers,croiseurs, sous-marins, missiles balistiques toutes portées |
Inde
|
Oui : 30 têtes
|
Oui
|
14 réacteurs nucléaires, 2 surgénérateurs, 4 usines d'enrichissement de l'Uranium, 6 sites de traitement et 4 sites de retraitement du Plutonium | Missiles balistiques toutes portées, avions (chasseurs bombardiers principalement) |
Pakistan
|
Oui : 30 têtes
|
Oui
|
3 réacteurs nucléaires, 4 usines d'enrichissement de l'Uranium et 1 site de retraitement du Plutonium | Missiles balistiques petite et moyenne portée, chasseurs bombardiers F16 américains |
Israël
|
Oui : ~ 100 têtes
|
Non
|
5 sites d'armement nucléaires, de nombreuses usines d'enrichissement de l'Uranium et de retraitement du Plutonium, autres centres avancés | Missiles balistiques petite et moyenne portée, chasseurs bombardiers F15 et F16 américains, sous-marins en préparation selon les services secrets étrangers |
Corée du nord
|
3 à 6 têtes?
|
Non
|
?
|
Missiles balistiques? Autre?
|
Libye
|
Non (récemment avoué)
|
Non
|
Centrifugeuses (~ 10) destinées au développement d'Uranium militaire | Missiles balistiques pouvant porter des charges nucléaires si ce pays en possédait (ce qui n'est vraisemblablement pas le cas) |
Iran
|
Non (récemment avoué)
|
Non
|
Usines de production d'Uranium enrichi en construction | Missiles balistiques pouvant porter des charges nucléaires si ce pays en possédait (ce qui n'est vraisemblablement pas le cas) |
Irak
|
Non (suite à 2 frappes préventives)
|
Non
|
Plus Rien (entièrement détruit lors des bombardements de la 1ère guerre du Golfe) | Réduite à néant suite aux 2 guerres du Golfe |
Légende : en bleu : les "5 grandes puissances nucléaires" ; en rouge : les 4 "puissances nucléaires moyennes" et en gris : les 3 Etats ayant tentés d'obtenir la Bombe A mais qui n'y sont pas parvenus.
Suite
à ce constat réalisé par "Courrier International"
(n°= 694), on peut se poser des questions au sujet de l'Inde, du Pakistan,
d'Israël et de la Corée du nord.
En effet, l'Inde et le
Pakistan sont constemment ou presque en guerre : 3 ont eu lieu à ce jour
depuis 1947 ; et ces 2 pays n'excluent absolument pas d'exercer une frappe nucléaire
préventive contre l'autre.
De même, Israël
et Palestine s'affrontent depuis de nombreuses années : Israël occupe
des territoires palestiniens et Palestine commet des attentats contre Israël.
Ainsi, le risque q'un jour Israël décide de se débarrasser
d'une fois pour toute de la Palestine (à l'aide de l'arme atomique) n'est
absolument pas à exclure.
A celà s'ajoute
le cas de la Corée du nord, pays qui serait très bien capable
de déclencher un conflit nucléaire en Asie du sud-est
en vue de récupérer plusieurs territoires qui lui ont été
pris lors du partage du pays en 2.
La Turquie, une plaque tournante du commerce illégal de matières
radioactives
Source : Sciences et Avenir n°695 de Décembre 2001
Les conséquences d'une explosion nucléaire paraissent, aux yeux de tous, désastreuses, mais quels en sont les conséquences réelles sur l'homme et l'environnement?
2°. Les conséquences sur l'homme et l'environnement liées à l'explosion d'une ou plusieurs têtes nucléaires
Comme nous le savons tous, l'explosion d'une tête nucléaire, de part l'énergie qu'elle libère, est à l'origine de conséquences effroyables en terme de vies humaines et de bilan matériel : l'explosion de 2 de ces têtes sur Hiroshima et Nagasaki Août 1945 s'est soldée par une destruction totale de ces 2 villes et par des dizaines de milliers de morts. Hélas, ces dégats ne sont que les effets visibles de l'explosion de ces bombes : d'autres conséquences, bien plus graves encore, s'échelonnent sur plusieurs années. Mais quelles sont donc ces conséquences ?
a)
Mécanismes des explosions nucléaires
Au
cours d'une explosion nucléaire, prêt de 90% de l'énergie
contenue dans la bombe est libérée en moins d'un millionième
de seconde. Cette libération se caractérise principalement par
une vague de chaleur et par une onde de choc qui produisent les dégâts
les plus impressionnants: vaporisation des matériaux de la bombe, de
la cible, des structures alentours, des rochers environnants et même du
sol en général. Tout, absolument tout est entraîné
dans une boule de feu en expansion à élévation rapide.
Alors que cette boule de feu s'élève,
elle s'étend et se refroidit en produisant le champignon distinctif (voir
ci-contre) qui fait la signature des explosions nucléaires.
L'altitude atteinte par ce "champignon"
dépend de la force de l'explosion ; et c'est justement de cette altitude
que dépendent les effets de cette explosion.
Ainsi, pour une puissance inférieure
à 30 kilotonnes (bombe A), le nuage radioactif reste dans la basse atmosphère
entraînant ainsi des dégâts uniquement locaux.
Quand la puissance dépasse
les 30 kilotonnes, une partie du nuage est envoyée dans la stratosphère
à plus de 11 km d'altitude (altitude où volent les avions de ligne).
Pour une charge supérieure
à 2 mégatonnes, l'intégralité du nuage de débris
radioactifs et de poussière (due à la destruction du sol, des
rochers et des infrastructures) est envoyé dans la stratosphère
: les débris les plus lourds retombent assez vite dans les lieux proches
de l'explosion, mais les particules les plus légères restent à
des altitudes supérieures, le plus souvent, à 20 km. Elles y restent
pendant des mois voire des années avant de retomber (à cause des
courants stratosphériques) un peu partout à la surface du globe.
b) Conséquences de ces explosions sur l'homme
Bien entendu, le principal risque pour l'homme consiste à se trouver
à proximité du site d'explosion de la bombe nucléaire :
celui-ci serait alors immédiatement happé par la vague de chaleur
dégagée par l'explosion et finirait vaporisé : triste destin
qui s'est pourtant déjà produit en 1945 (voir photo). D'autre
part, les personnes se trouvant à quelques dizaines de kilomètres
du point d'impact, même si elles ne seraient pas vaporisées, finiraient
tout de même très certainement mortes, ensevelies sous leur habitation
(habitaion détruite, voire rasée par l'onde de choc).
A ce tableau peu réjouissant
viennent également s'ajouter le problème lié à la
retombée de matières radioactives, matières, comme nous
l'avons vu précédemment, trés nocives pour l'homme.
En effet, toute explosion
nucléaire, que la bombe soit de type A ou de type H, se fait à
l'aide de matières fissiles (qui servent uniquement d'amorces dans le
cas de la bombe H).
Toute détonation nucléaire produit donc des fragments radioactifs
de fission d'éléments lourds.
Ces fragments les plus
importants sont les radioéléments qui se dégradent en émettant
plusieurs particules gamma (voir partie "notions fondamentales").
La période radioactive de ces éléments (voir également
notions fondamentales) peut aller de quelques jours à plusieurs milliers
d'années.
Or, un facteur important
dans la contamination résulte du fait que ces particules pénètrent
dans le corps par la respiration ou également par l'alimentation (par
contamination préalable des sols et des animaux). Ces particules, une
fois entrées dans le corps, s'intègrent dans les tissus entraînant
une augmentation des dommages biologiques crés par ces radiations. La
plus importante de ces radiations est sans aucun doute le Césium 137
(période de 30 ans) qui est une source majeure de retombées radioactives
et qui, du fait de ses propriétés chimiques, est facilement absorbé
par les animaux et par les hommes : il peut donc ensuite être incorporé
aux tissus. On peut également citer d'autres contaminants majeurs comme
le Strontium 90 (période de 28 ans) qui se fixe sur les os et les dents
des jeunes enfants suite à la consommation de lait de vaches contaminées
(le Plutonium 239 agit exactement de la même façon), l'Iode 131
qui se fixe sur la thyroïde des enfants et des adolescents et le Plutonium
239 qui peut se loger dans les poumons entraînant ainsi l'apparition de
cancers ou d'autres dommages corporels.
Principalement, on distingue
2 types de dommages par radiations pouvant se produire : des dommages corporels
se traduisant par la plupart du temps par des cancers de la peau, de la thyroïde,
des poumons, des os et par des leucémies (augmentation du taux de globules
blancs dans le sang) et les dommages génétiques se traduisant
par des naissances anormales, des maladies dégénératives
dûes aux gamètes des parents. Toutefois, ces problèmes héréditaires
ne se produiraient qu'à petite échelle, c'est à dire tout
près du lieu de l'explosion.
Ces effets dépendent
donc de 2 types de retombées : les retombées locales et les retombées
à l'échelle mondiale.
Les
retombées locales
La
plupart des risques par radiations issus de l'explosion nucléaire viennent
des radioéléments à vie courte extérieurs au corps
; et en général, ces radioéléments se trouvent dans
la zone sous le vent par rapport au point d'explosion.
Ainsi, il a été
estimé q'une arme avec une puissance de 1 mégatonne explosant
au niveau du sol avec un vent de 25km/h produirait des retombées radioactives
s'étendant dans une ellipse longue de plusieurs centaines de kilomètres
en aval du point d'explosion par rapport au vent.
De ce fait, une dose de
radiation mortelle serait accumulée par une personne sans protection
située à 30 ou 40 kilomètres, sous le vent, par rapport
au point d'impact. Cette personne ne survivrait pas plus de 25 minutes dans
un tel environnement.
A une distance de 65 à
75 km du point d'impact, une personne aurait au plus 3 heures pour trouver un
abri avant de succomber.
Les chances de survie
des personnes sous le vent situées à une distance comprise entre
0 et 75 km du point d'impact sont donc trés maigres.
Pour information, il été
établi qu'une attaque contre les Etats-Unis avec une centaines d'armes
de type A (le total des explosions ne dépasserait donc pas 1 mégatonne)
tuerait 20% de la population suite au souffle de l'explosion,de la chaleur dégagée
et suite aux radiations émises. Une attaque avec un millier de ces armes
aboutirait à l'extermination de 50% de la population de ce pays. Tous
ces chiffres ne prennent pas en compte les personnes mortes par le feu, par
un manque de soins ou atteintes de cancers futurs (cancers dus notamment à
une contamination de la chaîne alimentaire). Ainsi, tous les survivants
sont susceptibles d'être contaminés par la suite et risquent donc
de présenter par la suite les symptômes énoncés précédemment
: symptômes aboutissant à une mort éventuelle.
Les
effets mondiaux des retombées
La plupart des connaissances
sur la dispersion des particules radioactives à travers le globe est
due aux différents essais nucléaires réalisés par
les nations (principalement pendant la guerre froide). On estime en effet que
plus de 500 mégatonnes de charges nucléaires ont été
mises à feu dans l'atmosphère entre 1945 et 1971 (durant l'année
1961-1962, 40 mégatonnes ont été libérées
uniquement par les Etats-Unis et l'URSS). Suite à ces explosions abusives,
de nombreux traités ont été pris pour limiter ces essais
nucléaires (voir partie "limiter les risques").
Ces essais nucléaires
ne présentent, contrairement aux apparences, pas de risques majeurs pour
la population mondiale (ce qui n'est pas du tout la même chose pour les
populations locales qui ne peuvent retourner chez elles en raison de la teneur
trés élévée en radioactivité ; ex : certaines
îles de la polynésie française). En effet, il est estimé
que la dose totale de radiations due à ces explosions équivaut
tout juste à 2 ans d'exposition naturelle. Les effets sont ainsi trés
minimes comme en témoignent les statistiques suivantes : 2 à 25
cas de maladies génétiques par million de naissances dans les
générations suivantes et 75 à 300 cas de cancers par milliard
d'individus pour chaque mégatonne d'explosion dégagée.
Par contre, s'il on était
dans le cadre d'une guerre nucléaire à grande échelle (10
000 mégatonnes d'explosions), ces mêmes effets produiraient durant
une période de 30 ans de 0,5% à 15% de cancers mortels pour les
individus vivants dans les pays développés, ce qui est énorme.
c) Les conséquences
sur l'environnement
Une guerre nucléaire
impliquerait une telle élévation brève et concentrée
d'énergie à haute altitude qu'il est nécessaire de songer
aux conséquences environnementales liées à ces explosions.
De la poussière
en haute altitude
Il
a été estimé par les experts qu'une guerre ayant vue exploser
10 000 mégatonnes, dont la moitié au niveau du sol, soulèverait
25 milliards de m3 de roches, de sol, de poussière, de particules diverses
dans la stratosphère. Celà correspond en gros à 2 fois
le volume de roches expulsé par le volcan Krakatoa en 1883 (aux philippines).
Or, cette explosion volcanique
a eu des conséquences tout à fait spectaculaires en tout point
du globe : pour exemple, le coucher de soleil fut rougis pendant quelques années
suite à l'entrée de ces quantités de poussières
dans la stratosphère.
De plus, cet écran
de poussière a réduirait sensiblement les températures
en surface car il augmenterait l'absorbtion de chaleur en haute altitude : cette
diminution notable de la température dans le cas d'explosions de têtes
nucléaires est appelée "hiver nucléaire".
Une couche d'Ozone sévèrement
touchée
La couche d'Ozone (voir photo), qui nous protège
des rayons U.V. nocifs du soleil, pourrait être trés sévèrement
touchée par l'explosion de plusieurs têtes nucléaires. On
estime ainsi que 30 à 70% d'entre elle dans l'hémisphère
nord (centre probable d'un conflit nucléaire) et 20 à 40% dans
l'hémisphère sud serait détruite suite à une guerre
nucléaire de grande ampleur. Cette régénération
de la couche d'Ozone prendrait probablement une dizine d'années, mais
des effets à long, trés long terme pourraient trés bien
se produire.
L'ozone, molécule
constituée de 3 atomes d'oxygène, est continuellement créee,
détruite et recréee par un phénomène naturelle :
on estime qu'en moyenne 4500 tonnes d'Ozone se créees par seconde ; mais
cette valeur est contrebalancée par d'autres réactions naturelles
qui détruisent cette molécule : le monoxyde d'Azote en est un
bon exemple.
Or, des explosions nucléaires
à grande échelle contribueraientt à la remontée
dans la stratosphère de trés grandes quantités de NO qui
détruiraient alors de grandes quantités d'ozone
Une couche d'ozone en
partie détruite entraînerait une baisse significative des températures
moyennes causant de sérieux dégâts au niveau de l'équilibre
biologique et au niveau de l'agriculture. De plus, les U.V. atteindraient directement
la végétation, les animaux et les hommes qui, normalement (à
l'exception des mammifères placentaires), devraient être protégés
par leurs plumes, fourrures, cire pour les fruits, mélanine (pigment
responsable de la couleur de la peau), poils ou encore flavonoïdes dans
les tissus végétaux. Toutefois, il est plus que probable que les
concentrations en U.V. trés élevées puissent traverser
les défenses de certains animaux aboutissant par la suite à l'aparrition
de cancers....
En conclusion,
les conséquences liées à l'explosion d'une ou plusieurs
têtes nucléaires sont trés nombreuses, qu'elles soient humaines,
environnementales, à cour terme ou à long terme. Celles-ci se
traduiraient principalement par une destruction totale de la zone d'impact,
des radiations mortelles pour les organismes vivant dans le secteur de l'explosion
ou par des retombées radioactives un peu partout à travers le
globe (surout dans la zone proche de l'impact). Ces radiations ont des effets
trés néfastes sur la santé ; effets qui se caractérisent
principalement par des brûlures et des cancers. D'autre part, les conséquences
environnementales sont également nombreuses mais concernent principalement
la mise en altitude d'un écran de poussière (qui cache les rayons
du soleil entraînant ainsi une baisse des températures) et la destruction
de la couche
d'Ozone ; destruction aboutissant à une baisse générale
des températures et à un passage accru des U.V.
Il ne reste donc plus qu'à espérer
que les chefs d'Etats réfléchiront à toutes ces conséquences
avant de déclencher à tort une guerre nucléaire mondiale.